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Par MINERVIEWS
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RÉDUIRE L'IMPACT ENVIRONNEMENTAL DE L'AGRICULTURE ET NOURRIR LA POPULATION EUROPÉENNE : EST-CE POSSIBLE ?

Dans un contexte d’augmentation des catastrophes naturelles et des guerres, l’importance de l’autonomie alimentaire est cruciale. La guerre en Ukraine et la sécheresse historique de 2022 ont mis en lumière ces préoccupations, amenant des interrogations sur la souveraineté alimentaire de l’Europe et son impact environnemental.

Pour répondre à cette question, il est important de mettre en avant les différents systèmes agricoles durables. Le plus connu est l’agriculture biologique. Fortement encadrée par l’Union Européenne, elle consiste à ne plus utiliser de produits chimiques de synthèse et d’OGM. Cependant, l’utilisation d’engrais et de produits phytopharmaceutiques d’origine naturelle reste possible. La deuxième pratique agricole est l’agroécologie. Cette manière de cultiver la terre prend en compte différents paramètres comme la complémentarité des espèces, la meilleure utilisation de l’eau, l’importance des haies… Et enfin la dernière, plus complète, touche bien plus que le système agricole. En effet, la permaculture cherche à préserver l’environnement et la biodiversité mais aussi à renforcer le bien-être individuel et collectif et partager les ressources. Ces trois systèmes ne sont pas développés de la même manière à travers l’Europe. Si le premier commence à marquer l’agriculture européenne, c’est loin d’être le cas du troisième qui garde pour l’instant comme but l’autonomie plus que la rentabilité.

En 2017, une étude publiée par la revue Nature Communications met en avant la problématique complexe de la situation : au vu de l’augmentation de la population mondiale, ces types de production ne seraient pas suffisants pour nourrir tous les habitants. Cependant, ils affirment également que l’agriculture biologique pourrait nourrir 9 milliards d’êtres humains en 2050 à deux conditions : réduire le gaspillage alimentaire et limiter la consommation de produits d’origine animale. Le risque en passant au bio est de nécessiter plus de surface de production pour avoir un rendement suffisant, ce qui signifierait déforester des zones pour pouvoir les cultiver. Or, en réduisant notre consommation de viande nous libéreront ainsi de l’espace à cultiver, puisque 63% des terres arables de l’UE servent à la production du bétail.

D’après ces études il serait donc possible de nourrir tous les européens avec de l’agriculture biologique d’ici 2050. Mais pour cela il faudrait changer nos modèles de consommation alimentaires…

Si cette solution est viable, qu’attend-on pour changer nos modes de productions ? Le 20 mai 2020 la Commission européenne a présenté une stratégie « "De la ferme à la table" pour un système alimentaire équitable, sain et respectueux de l'environnement ». Parmi les objectifs, on trouvait une révision de la législation sur les pesticides, la lutte contre le gaspillage alimentaire ou encore une réforme du système agricole de l’Union. Malheureusement, peu des propositions ont abouti, et sur neuf textes adoptés, un seul est contraignant. Une étude publiée en 2021 dans la revue One Earth faisait part d’actions concrètes à mener pour rendre l’Europe autonome alimentairement en agriculture biologique. Parmi elles, réinstaller les élevages à proximité des terres agricoles afin d’utiliser à la fois le fumier comme engrais naturel et nourrir les animaux sans importer du soja. L’idée de diversifier les cultures est aussi importante puisque chaque plante apporte quelque chose de différent à la terre et cela évite de perdre toute sa récolte en cas de maladie.

 

Il est possible de réduire considérablement nos émissions de gaz à effet de serre en cultivant et consommant autrement. Pour que les agriculteurs acceptent de prendre le risque de voir baisser leur rendement, il faut que les politiques publiques de l’UE mettent en place des mesures concrètes qui permettent aux agriculteurs d’être protégés.

Par Louna PINCHINOT


Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré à l’Agriculture, consultez les articles de nos rubriques culture et relations internationales sur notre blog.

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