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Par MINERVIEWS
1 mai · 3 mn à lire
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LA MUSIQUE : UN VECTEUR D'INCLUSION DANS LA SOCIÉTÉ EUROPÉENNE ?

À l’occasion de la conférence LyonMUN 2024 sur la diversité, Minerviews s’est intéressé à ce thème via l’angle musical. La pluralité musicale européenne est un enjeu vibrant, révélateur de tensions et aspirations. La musique n’est pas seulement une source de plaisir personnel, c’est un outil politique au croisement des cultures et des identités.

Article en partenariat non-rémunéré avec l’association LyonMun.

La diversité musicale européenne : une richesse à préserver

 

En qualifiant la musique de « langage universel de l’humanité », la Commission européenne lance une réflexion sur le rôle de la musique dans la création d’une identité européenne commune. L’industrie musicale européenne, classée en troisième position en termes d’emploi au sein des secteurs culturels et créatifs de l’Union européenne, offre des perspectives de croissance considérables.

La musique, bien plus qu’un simple divertissement, est un pilier essentiel de l’identité locale en Europe. Des rythmes du flamenco en Espagne à la pop suédoise, chaque région du continent célèbre sa propre musique et possède ses propres instruments traditionnels, imprégnés de son histoire, contribuant à un patrimoine culturel européen varié. De plus, la musique régionale et locale représente les identités et valeurs des communautés européennes : les hymnes nationaux par exemple symbolisent les fiertés de chaque nation. Les hymnes sont donc des symboles permettant une identification culturelle forte.

Comprendre cette diversité culturelle, c’est aussi comprendre en partie les différentes visions du monde de chaque peuple. C’est, entre autres, dans cet objectif d'intercompréhension des peuples qu’aura lieu ce mois-ci une modélisation des Nations Unies (MUN). Se déroulant du 22 au 25 mai à Lyon en partenariat avec Minerviews, cette conférence rassemblera des étudiants du monde entier dans le but de simuler des rencontres Onusienne. Les différentes commissions (Cour pénale internationale, Conseil de Securité, G20…), traiteront toutes du thème de la diversité. C’est cette même diversité que l’on retrouve dans la musique européenne et qu’il est primordial de préserver. Car la musique est toujours le reflet d’une pluralité de sociétés, que ce soit à travers le monde ou à travers le temps.

Lors de la période médiévale, les chants grégoriens résonnaient dans les églises Européennes, marquant le début d’une tradition musicale. S’en suivit l’époque baroque, l’opéra avec Bach et Händel, le romantisme incarné par Schumann et Chopin, l’impressionnisme par Debussy et Ravel. Au XXème siècle, la musique a explosé dans une diversité de styles, du jazz à l’électro, du rock à la pop, du punk à bien d’autres encore. Cette ère a vu l’émergence de nouvelles formes d’expression musicale, reflétant les changements sociaux et culturels de l’époque.

La musique comme outil politique en Europe

 

La musique peut aussi être instrumentalisée à des fins politiques. Le dernier exemple en date est lié aux Jeux Olympiques 2024. Début mars, les médias dévoilent que le président Emmanuel Macron aurait fait venir Aya Nakamura à l’Élysée pour évoquer avec elle sa possible sélection pour chanter à la cérémonie d’ouverture des JO à Paris.  Emmanuel Macron a la volonté de représenter la diversité française. Néanmoins, choisir la chanteuse franco-malienne de RnB pour chanter du Edith Piaf a semblé incompatible pour certains, ce qui a exposé la chanteuse à de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux. Certaines personnes affirmant qu’il serait plus judicieux que celle-ci chante dans son propre style et d’autres qu’il faudrait proposer un autre artiste. Si le style musical qu’elle interprète peut ne pas plaire à tout le monde, les chiffres prouvent pourtant qu’Aya Nakamura permet un rayonnement puissant de la musique française à l’international. En 2020, elle était l’artiste francophone féminine la plus écoutée sur Spotify et elle a également été récompensée une dizaine de fois par des prix musicaux. Alors qu’on pourrait croire que le choix d’un.e artiste est neutre, le contexte des JO et de la représentation de la France à l’international en ont rapidement fait une décision éminemment politique.

Le Concours de l’Eurovision, événement annuel organisé par l’Union européenne de radio-télévision, n’est pas non plus exempte de politisation. Pourtant officiellement apolitique, depuis sa première édition en 1956 en Suisse, de nombreuses controverses ont eu lieu. Sous l’influence des tensions géopolitiques, la question de la participation de certains pays a plusieurs fois été posée. L’édition 2022, qui s’est déroulée durant l’invasion militaire par la Russie de l’Ukraine, a placé cette dernière en première place des sondages 4 mois avant la finale. La victoire de l’Ukraine est alors qualifiée de « symbolique ». Plus récemment, la participation de l’Israël pour l’édition de mai 2024 fait l’objet de polémiques. Des appels aux boycotts ont été lancés à la suite des attaques israéliennes menées contre la bande de Gaza qui ont à ce jour fait plus de 32 000 morts. Ainsi, l’Eurovision peut être qualifiée de « caisse de résonance » des enjeux géopolitiques européens et internationaux.

Dans ces exemples, régulièrement abordés dans des simulations MUN, la question de la musique comme outil de rayonnement culturel, est donc un élément plus important qu’il n’y pourrait paraître.

 

Une unité européenne grâce à l’interculturalité

 

Comme nous l’avons vu, la culture musicale européenne est riche et variée. Les artistes sont souvent connus avec leur nationalité et touchent d’ailleurs un public national en premier lieu. Mais alors, existe-t-il une forme de « musique européenne » dans laquelle les artistes se retrouveraient ? D’abord, il existe un organe de formation commune. En effet, l’European Union Youth Orchestra a été fondée en 1976. Depuis bientôt 50 ans, l’EUYO est considérée comme « une ambassadrice culturelle de l’Union européenne ». Chaque année, de jeunes musiciens rejoignent cet orchestre hors du commun composé de talents venant des 27 États membres. Malheureusement il est considéré comme étant le seul ambassadeur musical de l’Union Européenne. « L’Europe musicale s’est surtout faite toute seule » puisqu’il existe en parallèle des institutions européennes des programmes qui financent des projets, comme la Philharmonique de Berlin qui compte des musiciens de 29 nationalités différentes en son sein.

Toutefois, depuis 1985, la neuvième symphonie de Beethoven, l’Ode à la joie, est devenue l’hymne de l’Union européenne. À l’inverse de beaucoup d’hymnes nationaux, il n’a pas de paroles, ce qui permet d’utiliser le langage universel de la musique comme une force. L’Union européenne rappelle toutefois sur son site que « L’hymne européen n’est pas destiné à remplacer les hymnes nationaux des pays de l’Union européenne mais à célébrer les valeurs qu’ils partagent ». L’objectif au travers de cet hymne commun est de mettre en avant les valeurs de liberté, paix et solidarité promues par l’Europe.

En réalité, hormis ces deux exemples, il n’existe pas de réelle « musique européenne ». Faute de ne pas avoir de style propre et uni, la richesse de la musique européenne vient de cette interculturalité et de cette diversité musicale. L’Union européenne malgré sa volonté d’être un vecteur d’échange culturel, créatrice d’une culture commune et d’un sentiment d’appartenance à une même entité, n’y parvient pas toujours. 

 

 

         La musique est un art qui permet aux humains de s’exprimer. C’est un outil de communication éminemment politique. L’Europe a connu au travers des époques et encore aujourd’hui une pluralité de styles musicaux, ce qui est une richesse car elle permet de montrer l’ampleur de son potentiel. Plutôt que de créer un style de musique européen, il serait intéressant de découvrir la mosaïque musicale que constitue l’Union Européenne. Cette diversité est aussi le sujet de la prochaine modélisation des Nations Unies et il serait intéressant d’observer si la question de la musique était abordée et comment elle serait traitée dans un débat onusien.

 

Par Noémie Fraschilla, Léa Rabouteau, Joséphine Ruault & Louna Pinchinot

 

 

*Le but d’un MUN (Model United Nations) est de promouvoir les Droits de l'Homme, les compétences en communication et en relations internationales ainsi que les bases de la diplomatie. Les participants doivent ainsi effectuer des recherches sur les pays, les débats et les problèmes internationaux pour tenter de trouver des solutions aux problèmes mondiaux.


Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré à la musique, consultez les articles de nos rubriques Culture et Relations Internationales sur notre blog.

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