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Par MINERVIEWS
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COP29 À BAKOU : UN COUP BAS PORTÉ À LA LUTTE CONTRE LES HYDROCARBURES ?

L’Azerbaïdjan accueille le monde en ce mois de novembre. Le rendez-vous annuel de la diplomatie climatique le plus connu se tient à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan. Pourtant, le pays au 10 millions d’habitant.e.s fait partie des plus gros producteurs et exportateurs de gaz et de pétrole. Erreur de casting ou choix stratégique pour la COP 29 ?

Responsable en grande partie du réchauffement climatique, les hydrocarbures sont une drogue dure pour l’Azerbaïdjan. Exploités depuis les années 1990 par l’État azéri nouvellement libéré d’une Union soviétique moribonde, le gaz et le pétrole représentent désormais 90 % des exportations du pays du Caucase. L’Union européenne est l’une des principales clientes des hydrocarbures de l’Azerbaïdjan avec une importation de 8 milliards de mètres cubes de gaz en 2021. Dans le contexte de la guerre russo-ukrainienne, elle a par ailleurs renforcé lesdites importations de gaz et de pétrole au détriment de ceux de la Russie. La Présidence de la Commission européenne Ursula von der Leyen est venue en personne officialiser un accord en juillet 2022 avec le Président azéri Ilham Aliyev.

L’Azerbaïdjan exploite un important complexe pétrolier offshore, en mer Caspienne, appelé « Gounechli-Chirag-Azeri ». Ce privilège permet à sa capitale, Bakou, d’être la 20e réserve mondiale de pétrole et de gaz.

L’Azerbaïdjan, un acteur diplomatique représentatif des pays pétroliers

En dépit de la dépendance de l’économie azérie aux hydrocarbures (plus de la moitié des recettes du pays), le choix de l’Azerbaïdjan n’est pas aberrant. En effet, le principe des COP n’est pas de réunir les États les plus avancés dans la lutte contre le réchauffement climatique et de surcroît ceux partageant les mêmes valeurs démocratiques. D’une part, il n’y aurait pas grand monde autour de la table des négociations, et d’autre part, ce sont notamment ces pays producteurs et exportateurs de pétrole comme l’Azerbaïdjan qu’il faut convaincre à la transition écologique. Les COP ont pour objectif la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre par la solidarité interétatique, non seulement une réunion de pays occidentaux qui se donneraient bonne conscience tous les ans. L’enjeu serait ainsi de concilier les intérêts divergents d’États qui ne sont pas au même niveau de développement économique, qui sont inégalement touchés par les catastrophes climatiques actuelles et à venir et qui n’ont pas le même degré de responsabilité dans le dérèglement climatique. En choisissant l’Azerbaïdjan comme pays hôte, le comité témoigne d’une considération et d’une exigence portées aux pays pétroliers.

Cette attribution ne relève pas du hasard, puisque chaque année les pays d’une zone géographique définie peuvent prétendre l’accueil de la COP. Pour l’édition de novembre 2024, les candidatures retenues sont celles des États d’Europe orientale.

La Présidence de la COP entachée à nouveau par l’or noir

On se souvient du Président de la COP 28 à Dubaï, le Sultan Al-Jaber, étroitement lié à l’exploitation du pétrole étant lui-même à la tête de la compagnie pétrolière nationale. L’Azerbaïdjan renouvelle pour une seconde fois ce précédent. Le Président de la COP 29 n’est autre que Mukhtar Babayev qui, avant d’être ministre de l’Écologie de son pays, travaillait dans une compagnie pétrolière près d’une vingtaine d’années.

Ce profil inédit pour une présidence de COP ne présage pas de conclusions ambitieuses au cours des débats. Il est d'autant plus frappant que la précédente COP prévoyait pourtant une sortie progressive des énergies fossiles.

Par Antonin Verdot


Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré aux préparatifs de la COP29, consultez les articles de nos rubriques Culture et Société sur notre blog.

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