L'AZERBAÏDJAN, OU L'ART DU SOFT POWER
Fashion Week de Paris (1), International Investement Summit de Londres (2)... En cette rentrée, la culture des grands de ce monde chante à nos oreilles. Si nous connaissons bien ces refrains, qu’en est-il de l’influence culturelle d’un petit pays comme l’Azerbaïdjan qui va bel et bien accueillir la COP29, un événement international ?
Le soft power, ou pour l’analyste et théoricien des relations internationales Joseph Nye, la « l'habileté à séduire et à attirer », est une stratégie de communication très prisée par les politiques actuels, car très efficace. L’Azerbaïdjan ne déroge pas à la règle.
En effet, cet État tente de capitaliser dans de nombreux domaines, et de renvoyer une image de bienfaiteur, de fraternalisme, tout en alliant cela avec sa volonté de s'imposer comme une puissance mondiale.
Pour cela, le pouvoir étatique use tout d’abord du lien associatif et du soutien matériel pour allier son image à l’Europe, au travers de causes chères à sa population locale. En participant à la restauration de la Cathédrale de Strasbourg, du Palais de Versailles ou même d’instituts éducatifs russe et néerlandais, la fondation Heydar Aliyev, portée par la vice-présidente et la première dame de l’Etat azerbaidjanais Mehriban Aliyeva, s'inscrit directement à la culture, l’histoire du pays, ainsi qu’aux valeurs portées par ces établissements. Les bâtiments ne sont donc pas choisis au hasard, et ont soit une grande reconnaissance au niveau historique et sont donc emblématiques pour le pays, soit ont une valeur sous-jacente monumentale.
D’un autre côté, le voyage permet aussi de développer l’image populaire d’un pays, et l’Azerbaïdjan l’a bien compris. Grâce à ses partenariats avec des universités européennes, l’Azerbaïdjan donne l’opportunité à des étudiants européens de suivre leur cursus au sein de ses universités. Ces derniers sont donc les plus propices à relater leur expérience, la culture et l’histoire du pays, mais aussi les plus considérés et écoutés. En effet, la meilleure façon de communiquer est bien souvent le bouche-à-oreille, de part la confiance et la crédibilité entre les interlocuteurs instaurés dans celui-ci. Ce partenariat peut se vérifier à l’échelle même de notre université, avec la création en 2021 d’un double diplôme en propriété intellectuelle, entre l’Université Lyon 2 et l’Université d’État de Bakou.
La riche culture du pays, tant sur le plan européen que mondial, renforce également sa puissance sur la scène internationale. La mise en lumière sportive de l’Azerbaïdjan se fait en majorité par les sportifs de combat, comme le combattant de MMA Rafael Fiziev. En effet, les 7 médailles remportées par l’Azerbaïdjan lors de Jeux Olympiques de Paris 2024 sont toutes liées au sport de combat, que ce soit au judo (les deux seules médailles d’or remportées par la nation), la boxe, le taekwondo ou même la lutte. De même, la mise en place des Jeux européens sur le modèle des Jeux Olympiques de 2015 à Bakou a imposé l’Azerbaïdjan comme un véritable acteur du sport au niveau mondial.
Du côté de la musique, la victoire du pays en 2011 à l’Eurovision a permis une visibilité incomparable au pays au niveau musical. La culture musicale du pays a donc pu rayonner, son succès ayant été couronné devant plus de 100 millions de téléspectateurs. L'Azerbaïdjan a surtout pu rallier son image à celle de l’Europe, mais surtout prouver son ascendant sur celle-ci, s’affirmant donc comme une réelle puissance de la musique européenne.
Écrit par Élisa Caba
Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré aux préparatifs de la COP29, consultez les articles de nos rubriques Relations internationales et Société sur notre blog.
Suivez MINERVIEWS
