image_author__MINERVIEWS
Par MINERVIEWS
1 juil. · 1 mn à lire
Partager cet article :

QUAND L'HÔPITAL DÉPLACE LES MONTAGNES

1210 mètres d’altitude. C’est dans les Pyrénées, en Cerdagne (Espagne) que se trouve un hôpital transfrontalier franco-espagnol, à 2 km de la France. Inauguré le 5 septembre 2014, il est le symbole de coopération bilatérale à l’échelle régionale, épaulée par l’UE.

Un hôpital qui répond à des besoins

Avant la mise en fonctionnement de cet hôpital binational le 19 septembre 2014, les français.es souffrant.e.s résidant dans les alentours devaient se rendre à l’hôpital français le plus proche, étant celui de Perpignan à 100 km. Cela est d’autant plus problématique pendant la saison touristique car d’une part, les besoins en soin augmentent puisque la région de Cerdagne ne compte pas moins de 12 stations de ski, et d’autre part, la population fait de même (de 30 000 à 150 000 résident.e.s en 2015). C’est pourquoi le service de traumatologie est renforcé pendant les fortes affluences de visiteur.euses.  

De sa réalisation laborieuse à sa réussite relative

Ainsi, un projet de construction d’un hôpital ouvert aux deux nationalités a été envisagé… dès la fin du XXe siècle ! Puis s’en est suivi des démarches administratives et des tractations aux échelles régionale, entre Perpignan et la Catalogne, nationale, entre les ministères de la Santé français et espagnol, et européenne, avec Interreg. Ce programme d’aide au projet transfrontalier a d’ailleurs financé la construction de l’hôpital à hauteur de 65 % par le FEDER (Fonds européen de développement régional). En plus des problèmes administratifs, il a fallu trancher sur des questions juridiques : par exemple, la nationalité d’un enfant né de parents français, ou encore la responsabilité des soignant.e.s français.es et espagnol.es. Financé à 60 % par la Catalogne et 40 % par la France, l’hôpital a connu un faible succès chez les patient.e.s français.es. En effet, seulement un patient sur sept était français en 2016.

Le soin avant la nationalité

Si les patient.e.s n’insèrent pas leur carte de sécurité sociale (ou « carte santé » pour l’Espagne) dans la même fente, c’est la seule séparation physique qu’il existe au sein de l’infrastructure hospitalière. La patientèle et le personnel évoluent dans le même espace. Bien que la population soit dans sa grande majorité bilingue, des assistant.e.s traducteur.ices sont disponibles. Même s’il ne s’agit pas du premier projet de coopération visant à l’« européanisation » des frontières au sein de l’espace Schengen, l’hôpital est inédit de par les conditions géographiques de sa construction, mais surtout du caractère cosmopolite de l’endroit. Ainsi, il est le résultat d’une véritable fusion des volontés espagnole et française, et non une simple superposition d’envies binationales. C’est dans un esprit d’enthousiasme que travaille le personnel hospitalier. La concrétisation du projet est la preuve réelle de l’utilité des coopérations bilatérales en Europe pour améliorer le quotidien des européen.ne.s, sans que cela fasse l’objet d’une médiatisation d’envergure à l’échelle européenne… Ainsi, le développement du dialogue bilatéral au sein de l’UE s’avère être une opportunité face au multilatéralisme hégémonique, au-delà des contingences politiques des 27 États membres.

Par Antonin Verdot


Pour aller plus loin sur notre dossier du mois au thème libre, consultez les articles de nos rubriques Culture et Société sur notre blog.

Suivez MINERVIEWS