L'EXTRÊME DROITE : ENTRE ALLIANCES ET DIVISIONS AU SEIN DU PARLEMENT EUROPÉEN
Les élections européennes de 2024 divisent l’échiquier politique à l’échelle nationale comme européenne. L’extrême droite, au cœur du clivage, veut élargir son influence parlementaire mais peine à entretenir des alliances durables.
Les élections européennes de juin représentent un enjeu majeur pour la mouvance souverainiste, qui pourrait devenir une tendance politique plus présente et influente à l’échelle européenne. La France a actuellement 81 sièges à pourvoir au Parlement européen. En 2019, à la suite du scrutin, le Rassemblement National y a obtenu 22 sièges, sur les 79 attribués à la France, avec son groupe « Prenez le pouvoir » soutenu par Marine Le Pen.
De plus, ces cinq dernières années, de nombreux pays, dans lesquels les partis nationalistes et populistes étaient marginalisés, ont subi la montée de l’extrême droite. C’est le cas aux Pays-Bas, avec la victoire de Geert Wilders aux élections législatives de 2023, ou encore en Italie, depuis que le groupe Fratelli d’Italia s’est imposé à l’échelle gouvernementale en 2022. Ainsi, la montée de l’extrême droite n’est pas inédite en Europe. L’actuelle majorité au sein du Parlement, formée par les chrétiens-démocrates du PPE (parti populaire européen), les sociaux-démocrates et les libéraux, se retrouve ainsi concurrencée et risque d’être affaiblie par les alliances radicales.
L’extrême droite est représentée par deux groupes au Parlement strasbourgeois : ID (Identité et Démocratie), rassemblant les partis de droite nationaliste de 8 États-membres de l’UE et occupant 58 sièges, ainsi que le groupe conservateur et anti-fédéraliste, ECR (Conservateurs et Réformistes d’Europe), avec qui le PPE s’interroge sur la possibilité d’une alliance. Ces deux groupes construisent leur puissance et leur influence au gré des alliances et fédèrent près de 20% de l’hémicycle. Ces alliances découlent d’une stratégie parlementaire nécessaire afin d’imposer et de dicter l’agenda politique européen, car aucun parti politique national ne peut parvenir à se faire entendre, n’étant pas majoritaire, au sein de l’institution européenne. Les enjeux migratoires, écologiques, sociaux et économiques de l’UE sont exposés à diverses formes de radicalisation. Cependant, les différents traités européens adoptés par les 27 encadrent les projets de loi que les partis d’extrême droite voudraient imposer.
Ces connivences entre partis d’extrême droite restent cependant ambiguës. En effet, c’est le cas de la relation entre le parti de Jordan Bardella et son allié d’outre-Rhin qui connaissent des divisions au sein du groupe européen : Identité et Démocratie. L’AfD (Alternative für Deutschland), qui occupe actuellement 9 sièges au Parlement, se heurte à d’importantes divergences avec le RN, en particulier sur les projets de politiques migratoires. Le parti allemand a préconisé fin 2023 un plan de « remigration », qui consiste à faciliter l’expulsion à grande échelle des demandeurs d’asile (étrangers ainsi que « citoyens allemands non-assimilés »), un projet « moyennement apprécié » par la dirigeante du RN. C’est désormais Maximilian Krah, la tête de liste de l’AfDaux européennes, qui entretient les fragilités au sein du groupe, ayant été accusé de corruption et d’espionnage d’opposants chinois. De nombreuses polémiques fragilisent la pérennité de l’alliance nationaliste franco-allemande ainsi que la relation entre Marine Le Pen et son homologue allemande Alice Weidel. L’allié-rival du Rassemblement national reste cependant un maillon fort du groupe IDet leur entente est déterminante pour le scrutin de juin 2024 : « Ils sont nos alliés, en tout cas jusqu'à preuve du contraire, bien sûr », a rappelé J. Bardella à la suite des différents scandales.
Par Léa Riguet & Nils Gales
Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré aux élections européennes, consultez les articles de nos rubriques Culture et Société sur notre blog.
MINERVIEWS
Minerwiews t'informe sur l'Europe ! Nous sommes étudiant.e.s en sciences humaines et sociales et avons comme sujet de préoccupation de comprendre les enjeux contemporains présents en Europe et d’interpeller sur ces sujets. Hispanophones, italophones, germanophones, anglophones et plus encore, notre groupe est un ensemble multilingue ! C’est pourquoi nous avons choisi de conserver cette diversité dans nos articles. Chaque mois, tu découvriras de nouvelles thématiques via différentes approches.
Pour nous retrouver ailleurs :
- notre Instagram : https://www.instagram.com/minerviews/
- notre Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100089761480341
- notre LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/90365637/
Financé en 2023 par la Région AURA