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Par MINERVIEWS
1 avr. · 2 mn à lire
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[ERRATUM] (BILLET) LE PACTE VERT EUROPÉEN : BOUC ÉMISSAIRE DES POPULISTES DANS LA CRISE AGRICOLE ?

L’Extrême-droite (ID et CRE), la droite (PPE) et les libéraux (Renew) démontrent qu’il suffit de supprimer le Pacte vert pour résoudre la crise agricole actuelle. C’est ce qu’affirme également la FNSEA. Cependant, leurs discours populistes attisent cette crise.

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En pleine crise agricole, de nombreux débats ont lieu pour définir les responsables de la colère des agriculteurs. Plusieurs camps s’affrontent, entre les libéraux, les conservateurs ou encore les écologistes-progressistes. Cependant, les discours populistes de l’extrême-droite européenne attisent cette crise. Le discours du groupe d’extrême droite Identité et Démocratie au Parlement européen sur les causes de la colère des agriculteurs (en pleine période électorale) relève au minimum de l’hypocrisie, voire de la désinformation. Lorsque Jordan Bardella (qui affiche par ailleurs un taux d’absentéisme de 70% en commission), tient un discours au Parlement européen, il désigne les mesures écologiques du Green Deal (le Pacte Vert européen) comme les principales responsables des difficultés du monde agricole. Si certains syndicats, dont le syndicat majoritaire, la FNSEA, étaient ravis des condamnations par ce dernier d’une “écologie punitive pour les agriculteurs”, les petites exploitations, soutenues par la Confédération Paysanne et qui, bien souvent, n’arrivent pas à vivre de leurs revenus, ne sont alors plus audibles. Les revendications de l’agro-industrie ont été entendues : dérogation de la Commission européenne sur les jachères, mise en pause du plan ecophyto, etc.

La crise agricole profite alors largement à un camp. Les seuls gagnants de la crise sont les dirigeants de l’agro-industrie très bien représentés par la FNSEA et notamment par Arnaud Rousseau. Ce dernier est PDG du groupe Avril (une holding de société de l’agro-industrie dont fait partie le groupe Lesieur) qui réalisait plusieurs millions de bénéfice en 2022. Il y a un mois, il se permit même de reconnaître au micro d'Apolline de Malherbe (RMC) que son groupe ne respecte pas toujours la loi Egalim régulant les négociations entre industriels et agriculteurs. Le débat sur les marges des intermédiaires aux Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) doit devenir l’enjeu central pour redonner un caractère juste et durable à nos politiques agricoles et alimentaires. 

En total accord avec la FNSEA et les revendications populistes de l’extrême droite, une grande partie des médias restent concentrés sur les annonces du gouvernement. Pourtant, les agriculteurs se battent toujours pour un revenu décent en travaillant souvent plus de cinquante heures par semaine. Quelles mesures ont été annoncées pour le revenu des agriculteurs ? En quoi le fait de ne plus utiliser de pesticides ou bien la non-conservation de 4% de terres agricoles en faveur de haies naturelles (qui existent déjà parmi les plus petites exploitations) vont-ils impacter le revenu des agriculteurs ? En l’espace de 30 ans en France, le revenu des exploitations agricoles a chuté de 40%.

L’Extrême-droite (ID et CRE), la droite (PPE) et les libéraux (Renew) espèrent nous faire croire qu’il suffit de supprimer le Pacte vert pour résoudre la crise. C’est ce qu’affirme également la FNSEA. Cette alliance de l’extrême droite aux libéraux se positionne en défenseur des agriculteurs tandis qu’ils votaient précédemment en faveur de la dernière politique agricole commune (PAC). La PAC 2023-2027 octroie 80% de son budget au 20% des plus grandes exploitations via la prime à l’hectare. Alors que cette alliance contre les petites exploitations s’est positionnée pour les traités de libre-échange, ils agissent désormais comme des fervents défenseurs du protectionnisme.




Ces chiffres nous indiquent mieux qui sont réellement les responsables de la crise agricole actuelle. Il y a une hypocrisie totale de ces eurodéputés à se placer en défenseurs des agriculteurs alors qu’eux-mêmes ont introduit les conditions pour que cela éclate : de “vrais pompiers-pyromanes” selon Christophe Clergeau (Parti Socialiste, S&D). Pour David Cormand (Les écologistes, Greens/EFA), c’est « le bal des faux culs », « Jordan Bardella surfe sur ce mouvement social mais en réalité, il n’en a que faire. » L’hypocrisie est telle, que parfois, les députés du Rassemblement National laissent leur mépris des agriculteurs s’afficher en public. Ce fut le cas du député d’extrême droite français Julien Odoul qui ironise en 2021 sur les suicides des paysans en demandant si “la corde était française”...*

En France et en Europe, malgré tout cela, l’extrême droite reste très puissante et les citoyens sont parfois aveuglés par ses discours populistes. Dans ce contexte électoral, les populistes ont le vent en poupe pour réaliser une poussée historique au Parlement européen. Avec la perspective d’une percée de l’extrême droite, certains citoyens réagissent pour mettre en lumière l'hypocrisie et le danger des discours populistes. Ce fut le cas ces derniers mois avec les manifestations en Allemagne contre le parti d’extrême droite AFD (Alternative Für Deutschland), présent au Parlement européen et allié du Rassemblement National.

Par Louison VILLEMAIN

*Ce dernier a poursuivi la rédaction de Libération pour diffamation qui a ensuite publié la transcription prouvant le fondement des révélations. 


Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré à l’agriculture, consultez les articles de nos rubriques Culture et Société sur notre blog.

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