ÉDUCATION À LA VIE AFFECTIVE ET SEXUELLE, QUELS (CONTRE) MODÈLES EN EUROPE ?

La classe politique et la société française se divisent à propos de la question des programmes scolaires liés à la sexualité. Les débats sont-ils aussi virulents en Europe ? Y a-t-il des programmes qui font consensus chez les parents et associations ? À l’inverse, quels sont les pays dépourvus de législation où la santé sexuelle pose problème ?

MINERVIEWS
3 min ⋅ 01/03/2025

Victime de vifs débats politiques, le nouveau programme d’éducation à la vie affective et sexuelle a été rendu public dans sa version définitive le 6 février par le gouvernement français. Les objectifs vont dans la continuité des politiques publiques menées à ce sujet : trois séances par année de scolarité, de la maternelle à la terminale, doivent être dédiées au thème de la vie affective et sexuelle. Cette mesure était déjà prévue par une loi de 2001 mais reste très peu appliquée. Le programme qui s’appliquera à partir de la rentrée scolaire se veut ambitieux avec l’évocation de l’homoparentalité dès la classe de CP ou de l’identité de genre à partir de la troisième. Une version précédente du projet avait suscité l’indignation d’une partie de l’échiquier politique. À l’instar de la droite conservatrice, l’éphémère ministre chargé de la Réussite scolaire Alexandre Portier, redevenu depuis député du Rhône, a exprimé sa crainte de voir enseigner la « théorie du genre » à des enfants. Ailleurs en Europe, les programmes d'éducation à la vie affective et sexuelle font aussi débat.

Des tensions également palpables en Pologne

Des manifestations ont été organisées en Pologne par le parti conservateur « PiS » et par des organisations traditionalistes en décembre 2023. Leur mot d’ordre : le retrait d’un projet qui vise à introduire des cours liés à la sexualité. Pourtant, ces enseignements sont moins exigeants qu’en France. Arrivé au pouvoir il y a un peu plus d’un an après un règne de huit ans de l’extrême-droite polonaise, le gouvernement libéral ne propose qu’une sensibilisation à la santé liée à la sexualité et à l’égalité entre les hommes et les femmes, là où le « PiS » proscrivait toute évocation de la sexualité dans les écoles. En plus des désaccords de l’opposition conservatrice, ce premier pas prudent vers l'éducation à la vie affective et sexuelle fait face à une partie de la société civile polonaise où les traditions catholiques sont très importantes.

De fortes disparités en Europe

La Pologne fait partie des neufs États de l’Union européenne (UE) qui n’ont pas rendu obligatoire l’éducation à la vie affective et sexuelle dans les écoles. Les cours en Italie, Roumanie et République Tchèque ne sont axés que sur les aspects biologiques de la reproduction sexuelle. Au contraire, les rôles de genre et la question de l’orientation sexuelle sont obligatoirement abordés devant les enfants autrichiens, allemands et portugais. Même dans ces pays avancés, l’éducation à la sexualité fait débat. Cette fracture au sein de l’UE se ressent géographiquement : les pays les moins enclins en termes d’éducation à la vie affective et sexuelle se situent davantage au Sud-Est de l’Europe, tandis que les pays du Nord-Ouest qui ont une législation plus progressiste. La Suède est ainsi le premier pays en Europe à avoir instauré des cours de sexualité en 1955. Outre les enseignements en la matière, les jeunes suédois.es peuvent se rendre dans un des 300 centres dédiés à la santé sexuelle encadrés par des professionnels. Des clips diffusés à la télévision leur sont régulièrement adressés ainsi qu'à l'ensemble de la population sous le prisme du plaisir sexuel. Ces efforts précoces en matière d’éducation à la vie affective et sexuelle sont couronnés de succès puisque le pays scandinave est le plus favorable à l’égalité femme/homme selon le Forum économique mondial en 2010.

Par Antonin Verdot


Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré au système scolaire, consultez les articles de nos rubriques société et culture sur notre blog.

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