En juillet 2023, Emmanuel Macron souligne que le manque d'activités stimulantes pendant les vacances contribue à creuser les inégalités scolaires, surtout pour les enfants de milieux défavorisés. Le contenu du temps extra-scolaire peut en effet favoriser certains élèves, et en évincer d'autres du circuit scolaire.
Entre les vacances et les semaines de quatre jours, le temps hors-scolaire français est l’un des plus importants en Europe. Ainsi, le manque d’activité développant les compétences cognitives peut très vite ternir l'envie de certains d'entre eux de s'investir, à l'école comme en dehors de celle-ci. L’épisode du coronavirus, décrite comme une potentielle « catastrophe générationnelle » par l’Organisation des Nations Unies, a donc bouleversé l’éducation de 90% des élèves en âge d’être scolarisé. Mais cette pandémie a eu des répercutions, autant physique que mentales. Une démotivation a pu être perçue même au sein de l’enceinte de l'école, créant un “désengagement vis-à-vis du système scolaire”, et donc des répercussions à long terme sur les résultats des élèves. Certains concluent qu'ils ne peuvent combler leur retard scolaire et arrêtent leurs études pour leurs besoins essentiels.
Les vacances peuvent être synonymes de visites culturelles, de pratiques sportives ou de départ en vacances pour certains. Elles sont également causes de grandes inégalités, pouvant se ressentir au sein même de l’enceinte scolaire.
En effet, certaines études menées aux États-Unis sur le « summer learning loss » démontrent que les grandes vacances peuvent faire régresser le niveau scolaire des enfants défavorisés jusqu’à quatre mois, et cela pour plusieurs raisons.
Les activités hors du temps scolaire ont en effet un lien direct avec l’épanouissement personnel des enfants : ce sont des outils d'apprentissage sur soi-même et les autres permettant aux enfants de mieux savoir gérer des situations complexes futures. Gérer leur temps, savoir balancer entre leur vie professionnelle et personnelle : en plus de l'apport physique ou culturel direct de ses activités, c'est un apprentissage social qui est amené, avec l'apprentissage du jeu en équipe dans le sport par exemple, ou même une amélioration de la créativité avec l'art.
En outre, Pierre Bourdieu met en lumière l'importance du cadre familial dans le développement de l'enfant. Le sociologue français souligne comment la confiance et l'accompagnement parental influencent la construction des compétences et des projets futurs. Selon lui, l'apport culturel au sein du cercle familial joue un rôle crucial, car il permet à l'enfant d'acquérir des ressources symboliques qui renforcent son estime de soi et son projet de réussite sociale. Énormément de jeunes s’assimilent eux-même, à une certaine « pauvreté intellectuel », et se limitent donc à des études minimales, tandis que d'autres avec un environnement culturel plus riche, s'accordent à des études plus prestigieuses, et peuvent s'autoriser à rêver.
De son côté, le modèle éducatif scandinave, reconnu pour sa gratuité et son égalité, intègre l'éducation extra-scolaire pour enrichir l'apprentissage. En Finlande, les écoles offrent des activités extra-scolaires gratuites, telles que des clubs d'art, d'artisanat et de sport, permettant à tous les élèves, indépendamment de leur milieu social, de participer et de réduire ainsi les inégalités scolaires. Cela vise à développer le potentiel de chaque enfant. Pour preuve, ce modèle d’éducation a permis d’atteindre un taux d’alphabétisation de 99%.
En France, de nombreuses associations permettent de proposer des activités éducatives pendant les vacances à prix réduit selon le quotient familial, permettant aux enfants de milieux défavorisés de combler les inégalités scolaires et sociales, et de développer des compétences clés.
Écrit par Élisa Caba
Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré au système scolaire, consultez les articles de nos rubriques Relations internationales et Société sur notre blog.
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