L’Europe conserve un riche patrimoine, hérité depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine. L’appropriation identitaire de ce patrimoine joue un rôle fondamental dans sa préservation, c’est une dynamique qui s’affirme entre les XIXe et XXe siècles.
Pour conserver ce patrimoine, des fonds financiers à l’échelle européenne sont proposés par la Banque européenne d'investissement (BEI), des programmes comme le Fonds européen de développement régional (FEDER) existent. Ils mobilisent leurs fonds à des fins de restauration : en 2023, le FEDER a permis la restauration du site menacé de Pompéi, grâce à un financement total de 105 millions d’euros, dont 78 millions d’euros du FEDER. La Commission européenne offre également une politique culturelle diversifiée, souvent articulée autour de domaines comme la jeunesse ou l’éducation. Ces dernières années, plusieurs groupes de jeunes volontaires sont créés ou co-créés avec l’aide de l’Union Européenne. Notamment Europa Nostra en collaboration avec l'ESACH et le European Heritage Tribune, rassemblant de jeunes étudiants passionnés par le patrimoine culturel et sensibilisant le public à la préservation du patrimoine à travers les réseaux sociaux ou lors d’événements.
Le patrimoine architectural est un pilier de l'identité européenne, reflétant la diversité et l'histoire commune des peuples du continent. Par ailleurs, après l’incident de Notre Dame, les ministres de la Culture et des Affaires européennes ont lancé une déclaration visant à renforcer les politiques de préservation du patrimoine européen afin de mettre en place un « réseau européen sur les compétences en matière de patrimoine, qui fournira conseils et soutien, à la demande de l'État membre concerné, en ce qui concerne l'identification, la protection et/ou la restauration du patrimoine européen en danger ».
L’importance du patrimoine en Europe a favorisé son rayonnement jusqu’aux États-Unis, où l’architecture s’est enrichie de ces échanges. Le style Beaux-Arts, notamment, enseigné à l’École des beaux-arts de Paris a profondément influencé l’architecture américaine du début du XXe siècle.
Il serait réducteur d’opposer une Europe définie par son passé architectural à un continent américain tourné uniquement vers l’avenir. En réalité, les États-Unis, bien qu’ils ne disposent pas d’un patrimoine architectural aussi ancien et nombreux qu’en Europe, ont rapidement pris conscience de la valeur de l’héritage culturel européen importé ou réadapté sur leur sol. La patrimonialisation de l’Art déco à Miami en est un bon exemple : depuis bientôt dix ans, ce mouvement émerge pour protéger ces bâtiments devenus emblèmes culturels et touristiques.
Aujourd’hui, il y a une reconnaissance mutuelle d’un patrimoine partagé, qui se traduit par des efforts conjoints de préservation et de valorisation : il existe des initiatives comparables aux Journées européennes du patrimoine. Annuellement, le mois de mai est désigné comme le Mois national de la préservation « National Preservation Month ». Il s’agit d’une célébration dédiée à la mise en valeur du patrimoine architectural, historique et culturel états-unien. Cet événement a été étendu à tout le mois de mai en 2005 par le « National Trust for Historic Preservation » pour offrir davantage d'opportunités de célébrer la diversité du patrimoine des villes et des États américains.
Ainsi, le patrimoine architectural européen est loin de symboliser une fracture entre deux continents. Le dialogue architectural entre l’Europe et les États-Unis témoigne d’une volonté partagée de faire du patrimoine un socle identitaire commun. Si l’Europe semble y accorder un effort plus marqué, c’est en raison de l'hétérogénéité et de l’ancienneté de ses architectures.
Par Farah El Bahoua
Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré au patrimoine architectural, consultez les articles de nos rubriques Culture et Relations Internationales sur notre blog.
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