DES MILLIERS DE CONTRACEPTIFS FÉMININS MENACÉS DE DESTRUCTION : LE DROIT DES FEMMES À DISPOSER DE LEUR CORPS, TOUJOURS CONTESTÉ

Véritable jeu du chat et de la souris politique : l’affaire, loin d’amuser, mobilise les communautés féministes contre ce qui pourrait être un gâchis monumental.

MINERVIEWS
3 min ⋅ 01/12/2025

La Maison-Blanche a ordonné l’incinération de l’équivalent de 9,7 milliards de dollars de pilules contraceptives, stérilets et implants, bloqués dans un entrepôt belge depuis des mois. Plus qu’une lubie politique insignifiante, ces décisions et les débats qui s’ensuivent sont les révélateurs d’une fracture idéologique importante autour de la sexualité et du droit des femmes à disposer de leur corps.

Un backlash dangereux : Trump s’acharne sur les droits sexuels féminins, exsangues

Dans le sillage du démantèlement des fonds d’aide au développement international des États-Unis (USAid) et d’une politique anti-avortement portée par l’administration Trump, les outils de la santé publique mondiale se voient acculés, leurs marges de manœuvre réduites comme peau de chagrin.  

Officiellement, l’incinération se fonde sur l’application d’une vieille règle fédérale tombée en désuétude : la Mexico City policy de 1984. Relancée par Trump en janvier sous le nom de « Global Gag Rule », elle interdit le financement des organisations étrangères militantes qui conseillent et orientent les femmes qui souhaitent avorter. La porte-parole de l’USAid interrogée par le New York Times déclare que l’administration « s’engage à protéger la vie des enfants à naître partout dans le monde » et « ne fournira plus de contraception abortive sous couvert d’aide étrangère ». Ici, c’est le stérilet qui est visé, pourtant son prétendu rôle abortif n’est pas formellement reconnu par l’OMS qui le classe comme moyen de contraception. Quelle que soit la qualification retenue, les stocks provenant de contrats de l’USAid étaient destinés aux régions du monde où l’accès à l’avortement est très peu sécurisé voire illégal, dans « des zones de guerre » et « des camps de réfugiés » selon la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.

De nombreuses tentatives de sauvetage… loupées

Devant cet immense gâchis, plusieurs organisations internationales avaient proposé de racheter les stocks pour les sauver : l’administration Trump a balayé ces propositions, décidant plutôt de détruire ces produits pour un coût estimé à 167 000 dollars. En France, si les militantes ont interpellé le chef de l’État pour empêcher la destruction de ces contraceptifs, son ministère de la santé se dit impuissant : le stock ne relevant ni de « médicaments d’intérêt thérapeutique majeur » ni d’une « tension d’approvisionnement » aucune réquisition n’est possible. Cet événement souligne la sujétion de l’Europe aux États-Unis en matière de santé publique. 

Une affaire tournant à l’imbroglio diplomatique 

Un article du New York Times, datant du 11 septembre 2025, affirmait la destruction totale du stock par l’administration Trump. Pourtant, le cabinet flamand de l’Environnement et de l’Agriculture et de nombreuses associations féministes, scrutant depuis des mois chaque mouvement d’entrée ou de sortie de l’entrepôt de Geel, démentent l’information auprès de Libération. Jo Brouns, en charge du ministère de l’Environnement, a déclaré qu’à la suite de cette information médiatique, « le service chargé de l’application de la loi du ministère [...] a effectué des inspections sur place et a confirmé qu’aucun envoi n’avait été envoyé à l’incinération ». La totalité du stock reste, à l’heure actuelle, intact, assène-t-il. De plus, le ministre des Affaires étrangères belge, interpellé à ce sujet sur l’antenne de France Inter, affirme suivre ce dossier « de près » grâce à des « démarches diplomatiques, soutenues et multiples, auprès de l'ambassade des États-Unis à Bruxelles, ainsi qu'auprès de l'administration américaine directement à Washington ».

Destruction ou inaction gouvernementale, la situation reste en suspens, pareillement aux droits et vies de milliers de femmes, à la merci du Trumpisme. Le silence de l’Europe à ce sujet est une liberté de plus assénée au gouvernement américain, « pour faire ce qu’ils veulent » se désole Malika Roelants, membre du collectif du 8 mars.

Par Nils Galès & Ulysse Marcillaud


Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré à la sexualité et à la contraception, consultez les articles de nos rubriques société et culture sur notre blog.

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