Les attentats à travers l’Europe ont renforcé le besoin de mémoire comme outil de résistance. À eux se greffent les affaires impétueuses du crime organisé qui sévissent toujours plus violemment.
L’Europe a fait face à de tragiques attentats politiques et religieux, poussant les États à faire preuve de résilience pour lutter contre ces atteintes à la vie et à la liberté.
L'un des moyens de combattre le terrorisme, et plus largement l'obscurantisme politique et religieux, réside dans le travail de mémoire. Celui-ci consiste à préserver le souvenir des mémoires publics et privés, au niveau national et transnational. En France et en Espagne notamment, cette sensibilisation passe notamment par l’éducation. Les matières comme l’Histoire, l’EMC, ou la Science Politique intègrent une approche mémorielle, les élèves étudient notamment les questions liées au terrorisme et à l’importance de la mémoire qui en découle. Cette transmission du devoir de mémoire rend hommage aux victimes tout en sensibilisant les élèves aux dangers des idéologies extrémistes.
Après le terrorisme, l’un des maux qui touche l’Europe est le crime organisé. Si celui-ci est plus discret et plus isolé, et que son impact médiatique est moindre, il n’en reste pas moins grave.
La Corse est notamment touchée par le fléau mafieux : suite à l’assassinat de la figure anti-mafia Massimu Susini en 2020 à Cargèse, un premier colloque universitaire est organisé dans le village du défunt ce 28 février et 1er mars 2025. Universitaires, politiques et autorités judiciaires ont participé à cet événement en présence du public. Le professeur Michele Mosca de l’Université de Naples a présenté le modèle de lutte italienne, soulignant que la France pourrait s'en inspirer : la Camorra a profondément affecté une partie de la population, mais la conscience collective a permis d’endiguer le crime organisé. À l’occasion des cinq ans de l’assassinat de Massimu Susini, cette démarche de mémoire et de réflexion permet de maintenir une vigilance quant aux questions de sécurité tout en rendant hommage aux victimes du crime organisé.
L’Italie adopte une politique mémorielle à travers des espaces culturels comme le No Mafia Memorial à Palerme, un musée consacré à l’histoire de la lutte contre le crime organisé. Le lieu rend hommage aux nombreuses victimes et confronte cette réalité difficile à briser pour certains Italiens, puisque le crime organisé est tentaculaire, et influe sur le monde légal, notamment par les échanges de votes contre des faveurs politiques. Le centre de documentation « Giuseppe Impastato » en mémoire au militant anti-mafia assassiné en 1978, propose des expositions sur le trafic de drogue ainsi qu’un centre de documentation dédié à la question. Prévenir tout en faisant un devoir de mémoire est efficace pour sensibiliser le grand public face au tabou de la mafia italienne.
Les structures culturelles mémorielles pour le cas du terrorisme existent également : le musée mémorial Fondation Centre pour la Mémoire des Victimes du Terrorisme situé à Vitoria-Gasteiz en Espagne, préserve et centralise les archives des divers attentats, notamment ceux de Begoña Urroz et de José Antonio Ortega Lara.
Ainsi, ces devoirs de mémoires revêtent plusieurs fonctions essentielles : elles offrent un espace de recueillement aux victimes, à leurs familles et aux communautés touchées tout en permettant de faire connaître des événements bouleversants à un large public, particulièrement à un public jeune. Celui-là est sensibilisé aux dangers de l'influence pouvant les entraîner dans le crime organisé ou vers des idéologies fanatiques, qu'elles soient politiques ou religieuses.
Par Farah El Bahoua
Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré à la politique de mémoire, consultez les articles de nos rubriques Relations internationales et Culture sur notre blog.
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