Selon Guy de Maupassant, l'architecture est « le plus incompris et le plus oublié des arts d'aujourd'hui, en est peut-être aussi le plus mystérieux et le plus nourri d'idées » (1). Aujourd’hui, cette citation est encore vraie : l’architecture suscite des vocations mais le patrimoine architectural semble menacé à l'échelle européenne.
En effet, la menace qui pèse sur le patrimoine architectural européen est ancienne. Ce patrimoine est négligé voire détruit en faveur de bâtiments neufs. D’un côté, les anciens bâtiments peuvent poser problème du fait de leur détérioration ou de la décohésion de la structure ce qui peut amener à des tragédies. Pourtant, la restauration de ces bâtiments permettrait d’éviter ces problèmes. À la restauration des bâtiments anciens est opposé l’argument économique par les acteurs de l’urbanisme. Cependant, il peut être contesté d’un point de vue technique mais aussi par la proportionnalité entre les coûts de la rénovation et ses avantages.
Rénover et réhabiliter serait l’un des premiers éléments de réponse à la crise du logement qui touche toute l’Europe. La construction y a été fortement touchée dû aux multiples évènements des dix dernières années : la guerre en Ukraine impacte les prix de l'énergie nécessaire quotidiennement y compris celle pour la construction. De plus, les loyers et les prix des logements augmentent plus vite que les salaires du fait de l’inflation. L’avantage de la rénovation par rapport à la construction est majoritairement écologique. Rénover a un impact écologique moins important que la construction et permettrait d’adapter le logement ou le bâtiment à la crise climatique actuelle.
Néanmoins, cette solution ne peut pas être retenue car il faudrait inscrire certains territoires où se situe ce patrimoine dans une politique économique et territoriale plus large. Parfois on peut se poser la question de pourquoi choisir la destruction du patrimoine architectural alors qu’il ne pose pas problème ou coûte trop cher. Ce fut le cas lors de la démolition de la barre d’habitation de Clermont Ferrand surnommée la muraille de Chine qui a coûté près de 120 millions d’euros. Certes, dans ce cas, la rénovation paraissait fort difficile. Cependant, dans d’autres cas, le bâtiment menacé faisait, au regard de son âge et sans contestation possible, partie du patrimoine architectural : ce fut le cas d’une maison en bois datant de 700 ans en Suisse qui fut sauvé par exemple.
Mais pourquoi ce patrimoine architectural est-il menacé ? Il paraît être menacé en faveur d’un nouveau style architectural dont la priorité est économique sur tous les plans : moyens, décorations, temps, main d'œuvre, etc…
Ce style architectural très économe est parfois trop économe. Certaines constructions n’ont pas eu de moyens à la hauteur ce qui a créé un parc immobilier parfois très dégradé. Cela peut conduire à un mal logement, c’est-à-dire que la personne vit dans un logement indigne. Ce phénomène peut prendre de nombreuses formes : ascenseurs dysfonctionnels de manière hebdomadaire, logement inadapté aux personnes handicapées et/ou vieillissantes, moisissure, problème de chauffage, etc… Parfois, cela peut aller très loin : certains immeubles vieillissant mal ou modifiés de manière drastique risquent de s’effondrer.
Ainsi, il paraît important de préserver ces maisons anciennes lorsqu’il est possible de le faire. Surtout, il semble nécessaire, voire indispensable, de revoir la politique de logement pour assurer un habitat pour tous capable de faire face aux enjeux d’aujourd’hui et de demain : le changement climatique, le vieillissement de la population mais aussi la santé mentale.
(1) https://www.dicocitations.com/citation.php?mot=incompris#google_vignette
Par Lucie Petit
Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré au patrimoine architectural, consultez les articles de nos rubriques Relations internationales et Société sur notre blog.
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