LA GESTION DE LA CRISE COVID AU NIVEAU INTERNATIONAL : ENTRE COOPÉRATION ET UNILATÉRALISME
24 janvier 2020, le premier cas de SARS-CoV-2 est détecté en Europe. Cette date marque le début d’une pandémie qui va précipiter l’Union Européenne et le monde dans une crise sanitaire et économique profonde. Cette pandémie révèle l’interconnectivité du monde moderne via une globalisation qui a exacerbé les transmissions de la Covid.
Dans l’urgence de la situation de pandémie mondiale, les pays membres de l’Union Européenne prennent des mesures restrictives à l’échelle nationale et non européenne. L’UE est alors paralysée. Cette crise multiple s’amplifie également par l’absence d’une réaction claire et rapide des instances européennes. L’absence de compétence accordée à l’UE dans les traités européens du domaine de la santé empêche en effet ces dernières de pouvoir apporter une réponse claire et rapide. Le manque de consensus entre les états-membres représente un autre facteur de blocage. En effet, les pays répondent différemment à la crise. La France et l’Italie réagissent via des mesures très strictes de confinement. Certains pays européens optent au contraire pour une toute autre stratégie. C’est le cas de la Suède ou des Pays-Bas, qui décident de jouer sur ce que certains chercheurs appellent “l’immunité collective”. Cette technique vise à ce qu’une grande majorité de la population contracte la maladie, pour qu’une immunité commune face à une future contamination se développe naturellement.
Ces différentes réactions face à la Covid ont créé des divisions. En 2020, la présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen déclarait alors en 2020 : « Nous devons coordonner nos décisions lorsque, à un moment donné, nous voulons revenir à la normale, car sinon nous saperons l'efficacité des mesures sévères que nous avons prises ». Cette prise de conscience progressive a permis la mise en place d’une politique européenne sur la vaccination.
Malgré tout, cette crise sanitaire a entraîné des conséquences globales, puisqu’aucun territoire n’a été épargné. La résolution de la crise sanitaire s’est faite sur un modèle très unilatéral. Une uniformisation des mesures au niveau mondial aurait été bien plus pertinente. De plus, l’ONU possède un organe dédié à la gestion des questions de santé - l’OMS- qui a produit un ensemble de recommandations sur les mesures et les politiques à adopter face à la pandémie.
Le manque de solutions apporté au niveau mondial révèle un déclin préexistant du multilatéralisme. L’arrivée de Donald Trump sur la scène internationale a accentué le développement d’un modèle unilatéral de repli nationaliste. Un manque de leadership international qui se ressent dans la gestion de la pandémie. Pourtant, les défenseurs d’un modèle multilatéral de résolution des crises mondiales sont encore nombreux. L’ex-chancelière allemande Angela Merkel, le président français Emmanuel Macron, le président sénégalais Macky Sall, ainsi que des représentants de l’ONU, ont appelé en février 2021 à un renforcement du multilatéralisme au niveau mondial, via une tribune intitulée « Bâtir un multilatéralisme plus solidaire face au Covid ».
L’UE s’est tout de même renforcée après cette crise, notamment avec un plan de relance gigantesque, « NexGenerationEU », qui a surtout été marqué par un emprunt commun au niveau européen (pour la première fois de son histoire). Comme le disait un des « pères fondateurs » de l’UE, Jean Monnet, « L’Europe se fera dans les crises et elle sera la somme des solutions apportées à ces crises ».
Par Louison Villemain
Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré à la santé, consultez les articles de nos rubriques Société et Culture sur notre blog.
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