Face à une surcharge informationnelle anxiogène, de plus en plus de citoyens européens, notamment en France, expriment un rejet croissant de l’actualité négative. Pour répondre à cette crise de confiance, développer une information plus constructive et positive, grâce à l’éducation aux médias s’impose comme une solution clé dès le plus jeune âge.
Surmonter le poids de l’actualité aujourd’hui n’est pas chose aisée, tant et si bien que, pour la majorité des Français, 82% déclarent en ressentir de la fatigue ou du rejet, selon le baromètre de la confiance dans les médias commandé par La Croix, Verian et La Poste. Début 2025, ce fut même près de 41% des Français qui ont ressenti autant d’impuissance que d’anxiété face au flux informationnel.
De ce constat, les solutions profilent progressivement, et ce, dès le plus jeune âge à l’école. L'UE, consciente des défis que représente le savoir informationnel au service d’un esprit critique libre et éclairé, s’empare du sujet en incitant des initiatives en la matière. La Commission européenne dispose dans sa directive sur les Services de médias audiovisuels que « […] Les personnes éduquées aux médias sont aptes à poser des choix reposant sur des informations solides, à comprendre la nature des contenus et des services et à profiter de tout l’éventail des possibilités offertes par les nouvelles technologies de communication. Elles sont mieux à même de se protéger et de protéger leur famille de matériels préjudiciables ou choquants. »
L'éducation aux médias prend des formes diverses à travers les pays de l'Union européenne. Par exemple, en Finlande, depuis 2013, le programme d'éducation aux médias fait l’objet d’une politique nationale, et ce dès l’école primaire. Le pays nordique met ainsi l'accent sur les nouveaux médias sociaux numériques, ce qui permet aux jeunes de distinguer les sources informationnelles fiables et de douter de ce qu’ils voient et entendent pour évincer le risque de la désinformation.
En France, le Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (CLEMI), un opérateur public de l'Éducation nationale, coordonne les actions nationales d’éducation aux médias. Depuis 1989, elle a notamment mis en place la Semaine de la presse et des médias dans l’École (SPME), qui favorise la compréhension du monde médiatique autant qu’elle forme les citoyens de demain. Toutefois, la généralisation de cette démarche reste encore inégale et dépend beaucoup des enseignants, des ressources disponibles et du soutien institutionnel. Et c’est là où réside le véritable problème de l’éducation aux médias à l’échelle européenne : les moyens restent profondément déséquilibrés entre les régions.
Les efforts pour intégrer l’éducation aux médias dans les écoles européennes témoignent d’une prise de conscience croissante des défis posés par un journalisme en proie à un malaise, celui de l’anxiété qu’il provoque chez les citoyens. L'enseignement d'une information alternative, plus équilibrée et plus positive, pourrait être la clé pour sortir de la spirale du pessimisme, du sensationnalisme et de la désinformation. À terme, cela pourrait non seulement transformer la manière dont les jeunes perçoivent l’actualité, mais aussi redonner à l’information son rôle primordial de vecteur de connaissances et d’engagement citoyen.
Par Méline Vert
Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré au concept de l’information positive, consultez les articles de nos rubriques culture et société sur notre blog.
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