Depuis deux ans, le marché de l’art s’essouffle à l’échelle mondiale. Tandis que les grandes institutions tentent d’en raviver l’attractivité, de nouvelles puissances asiatiques bousculent l’équilibre établi. Institutions et collectionneurs cherchent désormais à démontrer la compétitivité croissante du marché de l’art.
Témoin d’un monde oscillant entre tensions géopolitiques et ralentissements économiques redoutés, le marché de l’art recule une nouvelle fois en 2025.
Selon le dernier rapport publié conjointement par la banque suisse UBS et Art Basel, les ventes d’art dans le monde ont baissé en valeur de 12% en 2024. Il s’agit de la deuxième année consécutive de contraction du marché de l’art, un phénomène qui touche désormais toutes les zones géographiques.
L’Union européenne apporte sa pierre à l’édifice en encadrant juridiquement le marché de l’art. En effet, la directive « taux » n°2022/542, adoptée le 5 avril 2022 par le Conseil de l’UE, instaure un nouveau régime de TVA applicable aux transactions portant notamment sur les œuvres d’art, les objets de collection et les objets d’antiquité.
Entrée en vigueur le 1er janvier 2025, la réforme de la TVA a pour objectif d'uniformiser et de simplifier le régime de la TVA applicable au marché de l’art, tout en renforçant son attractivité.
Pour cela, la directive européenne autorise les États membres à adopter un taux réduit de TVA d'au moins 5%.
Le choix des taux reste du ressort des États membres, la fiscalité relevant de leur compétence exclusive. La France a donc choisi un taux réduit s’élevant à 5,5% afin de garantir une attractivité du marché de l’art français. En effet, la France demeure compétitive par rapport à ses voisins européens, occupant la quatrième place mondiale sur le marché de l’art. Par ailleurs, d’autres nations comme l’Allemagne ont opté pour un taux réduit de 7%.
Les objectifs globaux de la directive européenne visent notamment la modernisation des règles de TVA ainsi que la sécurité et l’harmonisation juridique du cadre du marché de l’art.
Dans l’optique de s’extraire d’un marché en perte de vitesse - les ventes dans l’UE ont chuté en 2024 de 8 % pour un manque à gagner estimé à plus de 8,3 milliards de dollars, et afin d’élargir leurs carnets d’adresses, les leaders européens du marché de l’art se déploient au-delà des frontières du Vieux continent.
Chine, Japon, Corée du Sud, Hong Kong : l’Asie s’est depuis longtemps imposée comme un hub économique majeur du secteur culturel. Parmi ces pays, trois sont d’ailleurs présents dans le top 10 mondial des puissances du marché de l’art contemporain, selon le dernier rapport Artprice de 2025.
Un nouveau participant entre en jeu dernièrement, le Vietnam. La maison Millon a inauguré en janvier 2024 une antenne permanente à Hanoï, décidant pour la première fois de s’implanter durablement au-delà de l’Europe.
Dans le Golfe, d’autres pays s’emparent du sujet et se positionnent comme nouveaux pivots du marché de l’art. C’est le cas du Qatar, qui accueillera en février 2026 la cinquième édition d’Art Basel, une foire d’art organisée au Moyen-Orient. Après Bâle, Miami, Hong Kong et Paris, le choix de Doha s’inscrit dans la stratégie du régime qatari de prendre l’art comme moteur économique et outil indémodable de soft power.
Autre acteur émergent : l’Arabie Saoudite qui voit en septembre 2024 s’implanter sur son sol, à Riyad, la maison de ventes aux enchères Christie’s. Se manifestant par une stratégie culturelle globale, « l’Arabie saoudite veut dominer le Golfe et devenir un acteur incontournable en Occident, multipliant les musées, résidences d’artistes, biennales…» corrobore Nathalie Obadia, galeriste et autrice de Géopolitique de l’art contemporain.
L’art délie les langues… et les portefeuilles. En 2024, bien que les recettes issues des ventes d'œuvres d’art aient sensiblement baissé, elles sont estimées à plus de 57,5 milliards de dollars. Mais derrière ce chiffre faramineux se cache un marché vulnérable aux conditions mondiales et qui demeure largement inaccessible.
Par Bana Kane et Méline Vert
Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré au marché de l’art, consultez les articles de nos rubriques société et culture sur notre blog.
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