L’affaire Carlos Ghosn, l’affaire des Panama Papers, sont des noms d’affaires judiciaires célèbres qui ont un point en commun : ce sont des scandales politico-financiers, c’est-à-dire des affaires impliquant de la fraude, de la corruption et des abus de bien sociaux.
La France n’a pas le monopole de ce type d’affaires.. Les institutions de l’Union et plus particulièrement le Parlement européen ont eu leurs lots de scandales politico-financiers notamment avec les affaires « Qatargate » et « Russiagate ». Dans ces deux affaires, des parlementaires ont été rémunérés en échange de la protection des intérêts de la Russie et du Qatar.
Ces affaires ont montré que la corruption s’est décomplexée. Les parlementaires concernés n’avaient aucune honte et peu de peur d’être puni durement pour leurs actions. Il règne une culture de l’impunité au sein du Parlement européen. Elle s’explique par la faiblesse des outils dont bénéficie la Commission pour sanctionner la corruption et du fait que le Parlement a peu agi pour lutter contre la corruption. Des efforts ont été faits mais ils devront être plus ambitieux pour contrecarrer l'euroscepticisme et les régimes autoritaires qui se sont nourris, entre autres, de ces scandales pour faire avancer leurs causes.
Le premier exemple est la France dont la classe politique partage une longue histoire avec la corruption qui remonte à l’Ancien Régime. Pourtant des normes ont été votées pour lutter contre la corruption. La loi Sapin II du 9 décembre 2016 a permis de mettre en place des outils efficaces contre la corruption et qui ont aussi pour effet de limiter la culture de l’impunité comme celle qui règne au Parlement européen. Mais cela ne suffit pas et il reste de la défiance de la part des experts et de personnalités du monde des affaires. Pour une partie de la population, l'abstention traduit aussi cette défiance..
Le second exemple est l’Espagne. Dans la péninsule ibérique, le bilan n’est pas très positif. Les dernières années ont été marquées par de forts scandales politico-financiers impliquant des politiques de tous bords et ont érodé la confiance de la société civile espagnole en leurs représentants politiques. On retrouve ce même constat un peu partout en Europe, les seuls pays relativement épargnés par ce phénomène sont les pays nordiques.
Ce phénomène de montée en puissance de la corruption pose problème pour la démocratie et pour créer une culture démocratique durable en Europe. En effet, la corruption a provoqué une défiance qui se traduit par l’abstention. Or, le vote est un fondement de la culture démocratique. Mais pour certaines personnes voter ne sert à rien car les politiciens sont « corrompus » ainsi, ils servent seulement leurs intérêts personnels. Cette vision d’une classe politique entièrement corrompue se traduit dans une dynamique plus large d’une crise de la représentation politique. Or, cette crise de la représentation politique a un ancrage dans la réalité, en plus des multiples affaires de corruption révélées ces dernières années.
Il existe des solutions à cette crise et à la corruption. Il faudrait que les institutions européennes, à l’échelle de chaque pays européen, se dotent de normes efficaces et harmonisées pour lutter contre la corruption, tout en redonnant confiance en la démocratie. De plus, il faudrait une éducation civique beaucoup plus rigoureuse pour montrer que, par l’engagement massif des citoyens, il est possible de lutter contre la corruption mais aussi d’agir sur le plan politique. Enfin, il faudrait prendre en compte les modalités alternatives d’actions politiques. Ainsi, réfléchir à une nouvelle façon de rendre la politique plus vertueuse, moins corrompue et plus accessible.
Par Lucie Petit
Pour aller plus loin sur notre dossier du mois consacré à la corruption, consultez les articles de nos rubriques société et culture sur notre blog.
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